De pierre et de lumière
Entrer en relation avec un lieu sacré
La plupart des panneaux que l’on trouve dans un lieu sacré, me remplissent la tête d’informations qui ne m’intéressent peu. Epoque de construction, rois ou commanditaires, style architectural, type de motifs, nombre de colonnes, hauteur de nef… Je me retrouve plongée dans des chiffres, des noms et tout un ensemble de faits historiques que je ne retiens pas (surtout quand l’histoire du pays est très étrangère).
Pourtant, à chaque fois j’essaie. Je prends l’audio guide, j’écoute ou je lis attentivement les descriptions. Et à chaque fois, je suis tout autant déçue que frustrée.
Alors, au lieu de pester sur ce qui existe, je me suis demandée : « de quoi voudrais-tu qu’on te parle « ?
Si les cathédrales m’étaient contées
Je voudrais qu’on raconte l’histoire des cathédrales, comme si elles étaient de grandes Consciences. Qu’on parle de ces bâtisseurs qui les ont construites, à des endroits très spécifiques de la Terre, pour former un maillage énergétique. Qu’on explique en quoi chacune est reliée à une énergie précise qui agit sur l’être humain pour harmoniser, guérir ou révéler.
J’aimerais que la métaphore se tisse entre nos corps et ceux d’une cathédrale. Que l’être humain puisse comprendre qu’elles sont des livres de pierre, porteuses de connaissances. Qu’elles nous montrent le chemin de ce que nous avons construire en nous, afin que le sanctuaire ne soit plus extérieur, mais à l’intérieur de chacun d’entre nous.
Un maillage énergétique
La Terre, comme l’être humain, est parcourue par de grands courants d’énergie. Ces lignes se croisent et forment à leurs intersections une énergie particulière. Parfois positive, ou négative. Les bâtisseurs des temps anciens le savaient. Ils utilisaient dans le choix d’un lieu et dans la construction même de l’édifice, les réseaux mais aussi les courants d’eau souterrains ou encore les failles géologiques.
Cela permet à chaque cathédrale d’avoir sa signature vibratoire et son action propre qui active quelque chose en nous de spécifique. Parfois, c’est une aide pour déposer un fardeau. Ou encore, cela peut être une reconnexion à l’élan de vie, ou à la créativité. Nous n’avons pas à y penser, cela se fait.
Chacune est unique et ensemble, elles sont les cellules d’un plus grand corps spirituel qui se forme à la surface de la Terre dans un tout cohérent. Un maillage d’énergie, pour harmoniser, guérir, révéler.
Harmoniser, guérir et révéler
Une de nos missions en tant qu’être humain est de bâtir notre temple intérieur. De cultiver cet endroit sanctuaire en soi, dans lequel on peut entrer quand tout s’agite ou s’effondre, à l’extérieur. C’est ainsi que l’on peut comprendre comment le simple fait de se poser et contempler une cathédrale, nous aide.
« Contempler » signifie revenir dans son temple. Alors dans cet instant où l’on s’arrête pour tourner son regard vers l’espace, les sculptures, les vitraux, on se « recentre ». C’est à dire que nous retournons dans notre centre, dans ce point qui ne bouge pas et se conjugue au présent. Vous avez pu vous rendre compte que parfois, lors d’une visite, vous perdiez la notion du temps. La contemplation ouvre un espace intérieur immense où le temps peut s’écouler, il se perçoit autrement.
Ces moments sont précieux car nous sommes alors disponibles pour être inspirés. recevoir dans notre terre intérieur le souffle qui fertilise une idée.
Corps de pierre et corps de chair
Imaginons, juste l’espace de quelques instants, qu’une cathédrale soit un être vivant. Son corps de pierre est à l’image de notre corps physique dans sa structure même. Regardons la base de l’édifice qui s’appuie sur la Terre, avec des fondations solides. Elles nous enseignent l’ancrage. La puissance du lien à la Terre.
Regardons comment elle s’élance et se relie au Ciel. Quelle que soit la hauteur et la finesse des colonnes, résolument toute la partie haute de la cathédrale est une antenne. Comme nous, elle est un lien entre Terre et Ciel. Transmettrice et réceptacle. Alors, comme la danse des os dans un corps humain, mis en mouvement les uns par rapport aux autres par le souffle, la pierre bouge. Elle chante et créer des espaces vibratoires où nous venons déambuler et être informés.
Un cheminement initiatique
Si les cathédrales m’étaient contées, je voudrais qu’on me parle de ce qui se passe lorsqu’on traverse la porte pour pénétrer dans les lieux et avancer vers le chœur.
Au-delà de la richesse des ornementations qui nous émerveille, souvent, nous faisons l’expérience d’un arrêt au niveau du seuil. En effet, instinctivement, le corps fait une pause. Nous sommes saisis et nous marquons un temps. Pour admirer, mais aussi pour nous accorder au lieu. Créer cet état de disponibilité et d’écoute. Ce temps d’ajustement intérieur pourrait être une demande silencieuse d’autorisation à entrer. Comme s’il y avait un gardien invisible. Du reste, lorsqu’on regarde la statuaire, les gardiens fantastiques, parfois féroces, ne manquent pas.
Elévation vibratoire
Puis, sans que nous ayons vraiment à réfléchir, le corps se remet en mouvement. Nous franchissons la porte pour nous arrêter à nouveau, spontanément. Dans ce contact avec l’intérieur et souvent la magnificence des lieux, ce deuxième temps de pause permet un accordage. Nous vivons une décharge de l’énergie, pour nous permettre de passer du mode mental au mode sensitif. C’est une sorte de nettoyage de nos pollutions mentales, pour poser le fardeau de nos préoccupations. Tout cela est préparation pour accueillir le sacré et laisser la place à la spiritualité.
Le cheminement se fait de la gauche vers le cœur et on revient par la droite. Il y a une progression énergétique: chaque voûte marque le passage d’un cran énergétique supplémentaire. Levez la tête et regardez. Elles nous ouvrent le chemin des étoiles.
Après la décharge, il y a la recharge. Ainsi, on ressort de ce cheminement à l’intérieur de la cathédrale, profondément chargé.
Des ténèbres à la lumière
La cathédrale est activée par la lumière, le son, l’air, l’eau, l’énergie de la foi, les chants. Elle devient un réceptacle d’informations subtiles.
La lumière est information quand elle passe au travers des vitraux et raconte le divin. Elle devient soin, quand les couleurs s’adressent directement à notre âme pour la faire vibrer.
Absente ou filtrée, elle créé des espaces sombres où l’on revient vers soi, à l’introspection. De lunaire et intime elle peut devenir solaire et flamboyante. Alors, elle s’infiltre et passe pour sculpter un chemin de lumière. Nous connaissons ces endroits incroyables où les ouvertures dans la pierre font qu’à certains moments spécifiques de l’année (solstices, dates des saints, etc.), la lumière rentre de façon à former des symboles au sol. Vézelay est un exemple incroyable. Entrer dans les cercles de lumière, c’est quitter l’ombre et faire le choix de se diriger à la lumière, la recevoir, la vivre dans nos cellules et sentir que cela nous élève.
La vibration du son
Les cloches ne sont pas là pour créer de jolis mélodies, mais pour vibrer et générer une fréquence. Vous connaissez ces petites vidéos montrant les dessins que forment des grains de sable mis en mouvement par une plaque vibrant à une certaine fréquence. Et bien, les cloches, c’est pareil. Le son agit au travers de nous pour réorganiser nos corps, créer de l’harmonie, nettoyer et soigner. Les sons ont chacun leur propre motifs et leur propre fonction.
Et que dire de l’acoustique qui sublime les chants sacrés ? Tout cela nous en avons fait l’expérience très concrète.
Le chant de l’eau
Les lieux sacrés sont souvent implantés au-dessus de grands cours d’eau souterrains. En circulant, l’eau créé un petit courant électrique (mesurable) qui permet aux pierres du monument d’entrer en résonnance. Un peu à la manière du son traversant un instrument, l’eau fait chanter le corps de pierre de la cathédrale.
Géométrie et beauté
« Dieu avant tout, est Architecte. La Géométrie est le langage premier du Père et le Verbe est architecture et nombre, afin que le Cosmos soit lui-même étymologiquement Ordre et Beauté ». Jean Poyard
Avec ces quelques mots issus du livre de Jean Poyard « Le Graal, Queste christique et templière« , tout est dit. Il nous reste à lever la tête et contempler.
Chacun de ses sujets, si rapidement esquissés peuvent nous éveiller à cette sagesse qui est là, devant nous, depuis des siècles. Alors, si nous pouvons quitter le monde du mental pour vivre l’expérience du sacré avec le cœur, notre foi au-delà de tout religion, en ressort agrandie.